Depuis des millénaires, leurs doigts tracent dans les nuits sans étoiles des lignes folles et des éclairs, des chants secrets sans équilibre, des ombres pour des forêts sans nom. Dans ces constellations, des vagues de silence semblent à peine troublées par un doux murmure qui caresse leurs lèvres asséchées. Leurs yeux ont dans le bleu des nuits imaginées, dénuées de rêves et de lendemains.
Il fut un temps pourtant où leurs poitrines tremblaient encore. A cette époque qui n’effleure même plus les abords de leurs rêves, un mot, un nom, pouvait encore se planter dans leurs coeurs comme un pieu, comme un arbre. Mais aujourd’hui, leurs nerfs sont tels les racines de ce chêne misérable, secs et froids comme une lame.
Et du fond de leur forêt, abandonnées à leur éternité, les Moires déroulent la vie des hommes sous leurs mains insensées et de la laine n’éprouvent jamais la caresse. Parfois, alors que l’on croit avoir entendu le craquement d’une branche morte envahir la forêt de son cri déchirant, Atropos lâche l’extrémité naissante du fil et resserre ses doigts sur le manche du couteau.
La nuit retient son souffle et le ciel, lentement, acquiesce en inclinant sa tête ronde et blanche jusqu’aux bords de l’univers.
Les photos
Bonus
L’équipe





Pingback: Moires